Date et Heure de l’incident:

le 18/07/2024, 16h

Dommages corporels (oui/non, lesquels, interruption temporaire de travail) ? :

Non

Dommages matériels (oui/non, lesquels) ? :

Légères griffures sur le cocon, pas de dégâts sur l'aile ou le secours qui sont au contrôle.

Le pilote a dû faire une déclaration auprès de la FFVL (oui/non) ? :
oui

Niveau du pilote : (Heures de vol par an en moyenne ? Années de pratique ? Quel brevet ?   

100-130h/ an ; vole depuis plus de +15 ans ; BPC

Type de matériel (ex : voile EN A, révisée ou non, année, sellette cocon, etc…) :  

GIN Explorer 2 (EN B+) quasi neuve, sellette NEO Suspender

Volume de pratique dans les 30 jours précédents l’incident (heures de vol et de gonflage)? Avec le même matériel?

20h dont 10h avec cette aile

Type de vol (ex : Solo, Bi, etc.) :

Solo

Phase du vol (ex : Prévol, Décollage, vol, Approche, Atterrissage, etc.) :

Vol

Lieu (ex : sur site (lequel), en cross, plaine, montagne, etc.) :

Arbas, vers le relais

Déclarant (pilote, passager, témoin …) ?

Pilote

Nombre et type de personnes concernées (ex : 1 pilote + passager, 2 pilotes, etc.) :

 1 pilote

Environnement (ex : obstacles, densité de voiles, nature du sol, etc.) :

Piémont, zone boisée. Peu d'autres voiles dans cette zone à cause des conditions trop stables et le retour d'Est

Météo et aérologie (ex : vent fort, conditions thermiques, orientation du vent, etc.) :

10-15 km/h d'Est avec un échange plaine montage installé, plafonds bas entre 1400 et 1600. Longue attente au déco pour que ça s'installe et éviter le plouf.

Le pilote avait -il conscience d'être dans une situation à risque ?

Oui, mais pas à ce point.

Le pilote était-il dans un état d'esprit ou une condition physique particuliers ? (fatigue, stress, excès de décontraction, etc.)

Rien de spécial si ce n'est que je savais que je ne pourrai pas voler durant les 2 semaines qui suivent.

Le pilote s'était-il fixé un objectif particulier pour ce vol (distance, durée, exercices etc...)

L'idée d'aller voir vers l'Est en pensant que le retour serait facilité par la présence du flux d'Est.

Le pilote a-t-il pensé qu'il pouvait utiliser son secours ?

Secours lancé en mode réflexe. Poignée témoin faite en début de vol.


Description de l'incident

Description chronologique des faits : 

Après une première partie assez lente pour monter au niveau de Cornudère je longe la crête qui me remonte doucement à Herbe Blanche.

Arrivé à Herbe Blanche il n'y a pas les gros thermiques habituels mais quand même de quoi prendre 100-150m au-dessus du relief. je décide donc d'aller voir un peu plus à l'Est où la configuration devrait générer de quoi monter avec le flux d'Est. Première erreur car je trouve surtout une belle dégueulante et je fais demi-tour, je reviens trop bas vers Herbe Blanche pour raccrocher la crête de Piscatelle. Il ne me reste plus qu'à prendre la direction du relais avec en option un posé à Fougaron si je ne trouve aucun thermique ou un éventuel  posé vers Urau, tout en espérant un retour sur Arbas si l'un des thermiques habituels le permet.

Je trouve un thermique à mi-chemin qui me remonte tout doucement mais qui est très couché, tellement couché que je l'abandonne, c'est probablement la plus grosse erreur. Je reviens vers la crête où l'on sent bien le Nord-Est, j'ai relâché l'accélérateur avec la proximité du relief et je me dirige vers le col des Hérègade où il y a toujours un thermique ... sauf que je ne le trouve pas.

Troisième erreur je continue quand même un peu en me disant que je vais rapidement me retrouver sous le vent du relief, que je me rapproche des arbres et qu'il faut vite basculer vers le village d'Arbas, mais avant de le faire je subis une grosse fermeture asymétrique gauche. Je fais un quasi 180° en perdant 20 ou 30m, je n'ai pas le réflexe de plier les jambes. Malgré le travail en SIV et les répétitions en conditions un peu turbulentes je garde les pieds en appui sur le cocon et j'amorce un départ en twist.

Dans le mouvement j'ai lancé le secours par réflexe, son ouverture très rapide me détwiste, me ralentit et je tombe verticalement dans les arbres sans que l'aile n'ait eu le temps de se mettre en miroir.

La suite est rapide, je chute entre les arbres en étant freiné progressivement, je ne touche pas le sol mais il ne manque que quelques centimètres.

Je peux sortir de la sellette facilement et je préviens immédiatement à la radio, l'info est relayée par un moniteur du club. Un membre du club viendra m'aider à récupérer le matériel. Par chance je suis à 15m d'une petite route et le pod est accroché à un arbre qui borde cette route. Dans l'heure qui suit je serai à la buvette de l'attéro pour raconter mon accident.


Analyse & synthèse du déclarant : à priori, quelles sont les causes de l’incident? : 

Enchaînement d'erreurs de placement qui m'ont emmené trop près du relief dans une zone que je voulais éviter. D'habitude j'y arrive nettement plus haut et j'y trouve des ascendances, j'avais aussi souvent vu des pilotes en ressortir alors qu'ils étaient bas. Mais c'était sans compter avec ces conditions inhabituelles et en étant presque seul sur la zone. La sortie de cette situation était devenue une loterie.

D'autres choix plus sûrs étaient possibles, comme un posé à Fougaron. J'y ai renoncé quand j'ai trouvé un petit thermique qui me laissait espérer qu'il y en aurait au moins un autre.
Plus tôt j'aurais aussi pu aller plus au Nord et m'avancer vers Urau où il y a de grands champs.

Je vole sous une nouvelle aile depuis une dizaine d'heures, c'est la nouvelle version de la précédente et j'ai l'habitude que les zones turbulentes se signalent par des clignotements de bouts d'aile, c'est la première fois que je subis une fermeture aussi soudaine. Cette aile a peut-être un comportement différent qu'il faut que j'apprenne.

Comme je savais que ce vol serait le dernier avant deux ou trois semaines cela a probablement influencé ma décision d'aller voir un peu plus loin pour prolonger le vol autant que possible.


Quels conseils puis-je partager à la communauté pour éviter de reproduire cette situation dans le futur ?

Évidemment il ne faut pas se mettre sous le vent, mais ça tout le monde le sait ...

Donc en cas de conditions inhabituelles il est préférable de limiter ses ambitions. Et si l'on identifie une solution sûre pour échapper à une situation aléatoire c'est cette solution sûre qu'il faut choisir, quitte à marcher un peu.

Par contre je suis très content de toutes ces séances de tyrolienne, poignées témoins et autres lancers de secours en SIV : j'ai trouvé et lancé le secours sans hésitation ni retard.

Documents :
Vidéo de l'incident
Trace du vol