Je vous dois la suite de l'histoire de ma CFD M&V. Pas de nouveau score par contre, loin de là, un intrépide Zalpin m'a finalement renvoyé sur la deuxième place - mais c'est comme de l'eau sur le dos d'un canard car j'ai eu la chance inespérée de me faire battre au Millets Cup ce weekend, par Chrigel Maurer.

Il y a à peine une semaine je me voyais rater le Millets Cup une fois de plus - les Suisses avaient mis l’Occitanie en zone rouge - et là j'en reviens, cad j'en reviens toujours pas : J'ai vu Chrigel marcher et voler dans son habitat naturel !

Voilà donc : vendredi dernier vers dix heures du matin j'attends du coté français de l'aéroport de Geneve - j'attends comme un ... une valise sans poignée. J'étais parti de Toulouse aux aurores rongé par le doute - aucune nouvelle de la "direction de la santé et des affaires sociales" du Canton de Fribourg concernant ma demande de "dérogation de quarantaine" et un plan B qui prend l'eau à l'image d'une météo qui s'annonce maussade du coté des Zalpes Françaises. Allez, j'appelle la DSAS une dernière fois - 30 minutes plus tard je reçois un mail :

On 16 Oct 2020, at 10:37, OCC San COVID wrote:

... il est possible de vous reconnaître sur la base de l’art. 4 al. 3 de l’ordonnance covid-19 une dérogation exceptionnelle à l’obligation de quarantaine lors de votre séjour en Suisse de ce week-end. En effet, la participation à un tel événement sportif est, en raison de sa durée, de sa nature et du plan de protection sanitaire expliqué, reconnu dans votre cas comme un motif valable de dérogation. Vous pouvez ainsi, sans démarche supplémentaire, venir en Suisse ce week-end sans y être tenu à quarantaine. Vous êtes en effet dès à présent inscrit sur notre liste de personnes exemptées ... Direction de la santé et des affaires sociales DSAS, Direktion für Gesundheit und Soziales GSD

Youppee - je sauté dans le prochain train des chemins de fer "Montreux Oberland Bernois" qui m'amène dans la vallée de l'Intyamon pas loin de Gruyère (sans trous !) - samedi matin à l'aube, le départ du Millets Cup 2020 est donné à la fontaine couverte de Lessoc (https://notrehistoire.ch/entries/0lyYKJ4XWnw)



7h30 : Quelques 80 randovoleurs se lancent à travers le petit village, sous un ciel incertain. Juste avant le depart, dans le bal masqué des coureurs qui frissonnent ou trépignent derrière la ligne de départ : tou mé reconnais ?

Allez, on verra ça au grand jour, là c'est parti sur les pentes raides vers la Chaudzerya ...



Tandis qu'une partie des coureurs opte pour une marche rapide sur la route de l'alpage qui monte en serpentines

la plupart des randomarcheurs prennent la "diretissima" sur les marches géantes des escaliers taillés dans la pente par des sentiers de bétail



après le "check-point" de la Chaudzerya le chemin vers le Pra de Cray (crête enneigée au fond à gauche) est d'abord moins raide et je fais route avec Jean-Baptiste "ah non, je ne suis pas d'ici, je suis Français mais je travaille à Zürich"

marrant, moi c'est exactement l'inverse ...



9h02 : une première voile de speed-ride passe au dessus de nos têtes - déjà !?

"L'Aigle de Adelboden" à décollé depuis le Pra de Cray (D+ 1270 m, en partie sous la neige) après même pas une heure et demie de marche ...



9h20 : ça devient plus laborieux dans cette neige - en plus le Pra de Cray (on y monte par le petit vallon à gauche de la combe) est complètement accroché par des nuages. J'aurais mis 2h11 pour arriver au sommet. C'est l'hiver profond, il caille sérieusement, et le couteau Suisse ne sert à rien tellement le brouillard est épais. Le bénévole en gilet jaune (quel bizarre hazard) danse d'un pied à l'autre quand il ne valide pas les montées sur les "fiches coureur". Le vent est assez (trop) fort, rafaleux, et de l'arrière - certains attendent, d'autres partent lors d'une accalmie, dans le nuage qui est par moment "presque" transparent ... je descends 200 m à pied pour remonter sur la butte à droite de la combe qui est parfaitement alimentée - j'ai juste perdu 30 minutes ....



Le vol du Pra de Cray vers l'atterro à Albeuve est magnifique avec des contrastes de neige, nuages basses et de couleurs d'automne. Malgré les 1200 m de dénivelée, ce n'est pas vraiment un plouf contemplatif. Sortir d'un couloir raide et enneigée, contourner des nuages et ensuite essayer de faire du "Mario Brothers" sur quatre "ateliers" pour améliorer le score de la montée : un touch and go "Les Plans" (au moins un pas sur deux dans le cercle), le slalom de la "Chaudzerya" juste en dessous (atterrissage avant une ligne d'entrée, courir lelong d'un slalom balisé et redécoller après la sortie du parcours sans que la voile touche le sol), le touch and go du "Malessert", et enfin la cible de l'atterro à Albeuve. Pour plus de détails, voilà une vidéo qui faisait office de briefing - COVID oblige - https://youtu.be/Vek07y53fxo.





10h34 : atterrissage à Albeuve dans la cible des 15 m ! Quel bol monstre, j'ai réussi les quatre ateliers - probablement parce qu'il n'y a pas (encore) beaucoup de vent et/ou thermiques à cette heure (lors des prochains deux vols je vais ch ... louper deux touchs et un slalom - en partie à cause d'ascendances puissantes juste avant de toucher à ~ deux mètres sol).

Je suis encore entrain de plier quand une minvoile apparait au dessus de l'atterro en faisant des wings vertigineuses - c'est Chrigel qui arrive de son deuxième sommet, l'Aiguille. La finale sur la cible des 15 m se fait a grand V, suspentes sifflantes, comme sur des rails ILS. Pour finir, the eagle has landed pile sur le mètre carré central (photo ci-dessous) - c'est un interrupteur géant, en fait, qui fait sonner le klaxon du bonus special. Woah ! Je me dépêche de finir le rangement de mes affaires pour pouvoir observer/filmer le pliage légendaire du Federer des nuées - mais avant que j'arrive, celui-ci est déjà loin, sa voile, sa sellette avec airbag, secours et tout rangé dans un baise-en-ville minuscule ...



So far so good - mon premier sommet est bouclé - le plus dur. Mais j'ai mis un peu plus de 3 heures. Avec les courses à pied qui se terminent à 15 heures, et avec un coach qui n'est même pas cap de m'apprendre le pliage en moins de 20 minutes (et accessoirement avec le temps que j'ai perdu au déco du Pra de Cray), c'est cuit pour le "bonus trois sommets" - cad les trois pics depuis le fond de la vallée.

Anyway, c'est reparti pour l'Aiguille et si possible les Millets - mais depuis l'atterro intermédiaire.

Pour remonter à Lessoc, on abrège en traversant la Sarine en Kajak ! Le Millets Cup, ce n'est donc pas seulement du Hike&Fly mais une sorte de triathlon (on espère juste ne pas faire dans la nouvelle formule de Samy, le "Hike-Fish-and Fly"). Le Pic de l'Aiguille, ce sont 970 m de D+, mais la monté, les atelier, c'est un peu reboulègue - sans neige, quand même. Dans la suite, je profite donc pour abréger un peu - le récit cette fois-ci.



Suite au vol entre l'Aiguille et la "Chaudzerya" (l'atterro/déco/check-point intermédiaire), je monte vers mon troisième Sommet : les Millets

Ça ne fait "que" 570 m de D+ - j'y serai une bonne demie heure avant la fin de la course à pied (15 h)





15h15 - heure de pointe à l'atterro d'Albeuve - les ateliers ferment à 16 heures

Pas mal de pilotes sont contrés par un fort vent du nord et ont du mal à rentrer - surtout s'ils ont essayé le dernier touch and go.

J'arrive juste a poser à 2 m de la cible, crevé mais super-content.

Tout le monde est rentré sain et sauf - on refait la course, un "shampoing du foie" à la main, il y a du BBQ et de la soupe de l'alpage ....




Chrigel se laisse prendre en photo, répond et explique avec une patience d'ange :

non, ce n'est pas le casse-croute, TOUT le matos de vol est la dedans "il ne manque que la doudoune" ...

voile (de 16 m^2), sellette avec airbag et secours, casque - tout homologué EN - pour un total de 6 kg !



Le podium avec les Millets comme fond : 1. Christian Maurer, 2. Alain Rammel (gauche), 3. Nicola Heiniger (droite)

Quel bonheur de se faire battre dans ces conditions - probablement un peu comme un tennisman amateur qui a le privilège de se faire atomiser par Fed



voilà donc ma course :

classé 50ème sur 68, j'aurai gravi les trois sommets (le dernier depuis l'atterro intermediaire - cad. 2.5 Pics), ça correspond à 2800 m de D+.

J'ai réussi un peu plus de la moitié des "ateliers" (5/9) lors de mes vols.

Pas transcendant si on compare avec les 49 randovoleurs devant moi,

mais surtout comparé avec les qq. premiers qui font dans les 4500-5000 m de D+ (4 à 4.5 Pics) et presque tous les ateliers ...

(faudrait en enrôler qq. uns aux TDS et les faire participer à la CFDMV ...)





Qui sait, peut-être on arrive à constituer une équipe TDS pour le Millets Cup 2021, ou alors on organise un ZARBI Cup (The Arbas Randovol-Barbeque Initiative) chez nous dans les Pyrénées, et on invite les Zalpins.

L'essentiel est de voir Chrigel Maurer à l’œuvre, non ?

Amitiés, Peter