Compte-rendu du stage SMIV du 10 au 12 mars 2015

Par Philippe FLAMENT Mars 2015

 

 

Le contexte

Le stage SMIV (simulation et maîtrise des incidents de vols) proposé par l’école SOARING s’organise sur 3 jours de vols, en Espagne, à la Pobla del Segur, sur le lac de San Antoni. Les moyens techniques sont assurés par la structure espagnole locale. Les mises en vol sont effectuées par un treuil dévidoir embarqué sur un bâteau semi-rigide avec moteur hors bord de 140CV. Sur le bâteau, 2 personnes opèrent : le treuilleur et le pilote du bâteau. Au décollage, il n’y a pas de starter, la procédure est

gestuelle et radio. Le largage s’effectue le plus souvent vers 650m sol, directement sur la zone de travail.

L’aérologie est parfaitement calme. Seul un flux de sud régulier (combinaison de brise de vallée, échange plaine-montagne ou vent météo) a influencé l’aérologie de mi-journée pendant notre stage. Cette aérologie régulière autorise les décollages au même endroit et dans le même sens pour tous les vols.

Marc BOYER, DTE de l’école SOARING assure l’encadrement. Il est accompagné de Robin pour la prise de vue vidéo.

Le prix du stage pour 4 pilotes des Toiles du Sud est de 510€/personne.

 

Chronologie

Le rendez-vous de la veille du début de stage a permis de faire connaissance et de vérifier les

extractions de parachute de secours. Une fiche de suivi par stagiaire propose un programme

d’exercices et permet au moniteur d’apprécier le niveau de maîtrise.

En moyenne, 9 vols permettent de couvrir le programme. Trois jours de vol ont été nécessaires.

Chaque vol est personnalisé, avec un briefing précis des manœuvres expliqué avant le vol.

Chaque vol est filmé au sol et en vol grâce à une caméra embarquée.

L’école met à disposition le largueur pour le treuil, une poche radio étanche et un gilet de sauvetage.

L’altitude atteinte permet d’effectuer plusieurs exercices au cours de chaque vol.

Pendant l’exercice, le bateau reste positionné pour permettre une récupération rapide du pilote en cas d’amerrissage.

Des briefings ou débriefings collectifs permettent les apports pédagogiques ou théoriques.

Le deuxième jour a permis de visionner en soirée certaines séquences de vol.

Il n’y a pas eu d’incidents de fonctionnement au niveau des moyens techniques, ce qui atteste du bon niveau de maîtrise opérationnelle des encadrants.

 

Mon vécu

Chaque participant au stage précise ses objectifs. Me concernant, j’ai exprimé les objectifs suivants :

• Ouverture de secours

• Explorer les limites du domaine de vol et au-delà (décrochage, vrille, 360° très engagé,

grosses fermetures ..)

• Vérifier ma bonne gestuelle pour le retour au vol stabilisé suite à divers incidents de vol

• Parfaire le wing-over.

Mon matériel de vol pour le stage est principalement une aile Advance Oméga 5, classement

compétition, avec une sellette airbag standard et un secours coupole. Je dispose aussi d’un second parapente pour l’expérience programmée d’ouverture de secours et d’amerrissage.

Au fond, il s’agit pour moi de développer au maximum la sécurité active. Après 22 ans de pratique du parapente, plus de 1500 vols et un parcours complet de qualifications jusqu’au BEES Vol Libre, je reste curieux et prudent. Je n’ai jamais été blessé en parapente mais cela reste un sport de pleine nature avec ses risques spécifiques et il est important de conserver de l’humilité.

Je n’ai pas de problème pour me remettre en question à 51 ans s’il le faut. La notion d’entraînement est importante pour notre pratique, il faut éviter la routine et vérifier si la gestion des incidents de vol est encore correcte. Or dans ma pratique, au fil des années, j’anticipe davantage les problèmes potentiels, je suis donc moins confronté à des incidents. L’inconvénient d’être un pilote expérimenté se trouve en fait dans la moindre confrontation à des situations critiques.

Seule la simulation d’incidents permet de s’assurer d’avoir les bonnes réactions.

Les premiers exercices imposés ont confirmé que j’avais gardé les bonnes réactions dans la gestion de tout type de fermeture simulée. L’étape suivante a été pour moi d’aller explorer mes limites et celles de mon parapente. Pour l’essentiel, il s’agissait d’explorer les 360° très engagés et la très basse vitesse (décrochage, vol arrière, vrilles).

Ces manœuvres n’ayant bien évidemment jamais été au programme de mon parcours de formation, il s’agit pour moi de les apprendre. L’apport de Marc BOYER est fondamental sur ce point. A moi de chercher à comprendre, à lui d’expliquer, de proposer une progressivité dans les exercices et à me guider par radio. Pour chacun de ces nouveaux exercices, j’ai le trac. Avant le déclenchement de l’exercice, la concentration est maximale. Pendant l’exercice, l’émotion est parfois forte et il faut gérer son stress pour aborder l’exercice suivant, garder sa capacité d’écoute à la radio et sa capacité à faire.

Ma demande a toujours été de respecter chaque étape de la progression. Cela a été payant, je suis toujours resté dans la maîtrise du pilotage et des trajectoires. Je n’ai donc pas été confronté à des cascades d’incidents ni à un amerrissage forcé.

Les séquences de décrochage statique avec recherche de marche arrière ou les vrilles sont des

expériences fortes, avec des réactions violentes de mon aile.

Les spirales très engagées génèrent de très fortes accélérations centrifuges, les forces sur le matériel et le pilote sont du jamais vécu, mais cela tient ! Le taux de descente est à -15m/s et la consommation d’altitude importante. Le vent relatif au niveau du pilote est peut-être de 80km/h, la radio devient inaudible.

La répétition des exercices permet d’ajuster certaines réactions et de mémoriser la gestuelle, le stress disparait.

Pour l’expérience de la sortie du secours, je suis équipé d’une combinaison isothermique, l’eau doit avoisiner 10°C. L’extraction du secours est sans problème, l’ouverture en 2 secondes, aucun choc.

La maîtrise de l’aile principale prend plus de temps, ma descente n’est pas verticale. La rentrée dans l’eau se fait de dos, un pied s’emmêle irrémédiablement dans le suspentage de l’aile. Il y a un peu de vent et le parachute tire sur l’eau, à l’opposé. La position est délicate et je suis soulagé que le bâteau arrive rapidement.

Le débriefing sur l’utilisation du secours est riche. On comprend aussi qu’un plan d’eau n’est

nullement une sécurité, le risque de noyade est majeur.

 

Bilan

Les objectifs que je me suis fixés sont atteints. Le format de 3 jours est bien adapté.

J’ai effectué 3 vols chaque jour, soit 9 vols au total et une vingtaine d’exercices.

L’implication des acteurs est totale. Le cadre de pratique est parfaitement adapté.

Les enseignements sont riches mais rappellent quelques fondamentaux : importance d’avoir du matériel adapté et maîtrisé, importance des paramètres d’allongement et de longueur de suspentage quelle que soit la classification de l’aile, importance de la sellette et de ses réglages.

Cette expérience montre aussi la limite des incidents simulés par rapport aux situations aérologiques

que l’on peut rencontrer.

Certaines manoeuvres sont clairement à risques. Ce stage permet de mieux distinguer celles-ci des

manoeuvres banales. Cette distinction est importante pour envisager de les reproduire.

Ainsi certaines manoeuvres requièrent beaucoup de hauteur sol voire un milieu aménagé.

Marc BOYER confirme qu’il n’y a aucun milieu aménagé sur les Pyrénées françaises.

Après le stage, j’effectue un vol thermique sympa à Ager pour clôturer cette belle escapade en

Espagne. Ma pratique restera prudente.