Calendrier du club

Date et Heure (UTC) De L’événement :
27 aout 2021, 16h

Dommages corporels (oui/non, lesquels. Interruption temporaire de travail) ? :
4 jours d'hospitalisation, une omoplate et 5 côtes fracturées + pneumothorax

Dommages matériels (oui/non, lesquels) ?:
sellette kolibri, plusieurs coutures déchirées + sangle de cuisse coupée car pas de boucle d'ouverture

Le pilote a du faire une déclaration auprès de la FFVL ? (oui/non):
Oui

Contexte et Environnement

Niveau du pilote Heures de vol par an en moyenne ? années de pratique ? quel brevet ? :
BPC depuis 8 ans sur 12 ans de pratique, 70h de vol par an

Volume de pratique dans les 30 jours précédents l’incident ? (heures de vol et de gonflage) ; avec le même matériel ? :
25h de vol.

Type de vol(ex : Solo, Bi, etc.) :
Solo

Phase du vol(ex : Prévol, Décollage, vol, Approche, Atterrissage, etc.) :
Atterrissage

Lieu (ex : sur site (lequel), en cross, plaine, montagne, etc.) :
petit cross en vallée de Cerdagne

Type de déclarant(ex : Pilote, témoin au sol, etc.) :
Pilote

Type de matériel (ex : voile A révisée ou non, année, sellette cocon, etc) :
voile B, ITV Jedi2 contrôlée 2 mois plus tôt, sellette Kolibri

Nombre et type de personnes concernées (ex : 1 pilote + passager, 2 pilotes, etc.) :
1 Pilote

Environnement (ex : obstacles,densité de voiles, nature du sol, etc.) :
Atterrissage : voile seule en approche, terrain bien dégagé, sol rocailleux

Météo & aérologie (ex : vent fort, conditions thermiques, orientation du vent, etc.) :
Vent NO faible en altitude, 35Km/h d'Est en dessous de 300m, probablement 25-30 au sol.

Description de l’évènement

Description chronologique des faits :
L'accident s'est produit lors de l'avant dernière journée d'une semaine de cross, à la fin d'un vol dans le bocal de Font-Romeu.
Après une semaine superbe jalonnée de longs et beaux vols sur différents sites, grâce à une aérologie peu ventée et de beaux plafonds, nous avons eu une journée toujours peu ventée mais moins généreuse en terme de plafond et de thermiques. Par conséquent au lieu de s'engager sur le cross prévu nous sommes restés en local de la vallée. Ce vol a pris toutes les apparences d'une balade tranquille et après 2 bonnes heures de vol les 3/4 des pilotes de l'équipe posèrent, nous étions 3 encore en l'air.
J'hésitais sur les options quand les gars à l'attéro annoncèrent l'apparition de rafales d'Est de 15-20 km/h, je suis donc resté dans le secteur de l'attéro en attendant de perdre les 1000m de gaz qui m'en séparaient. En altitude il y avait un peu de Nord-Ouest, moins de 10 km/h, mais à 500m sol c'était bien de l'Est entre 10 et 15km/h. Lla manche à air d'un aérodrome situé à qq centaines de mètres de l'attéro indiquait de l'Est assez soutenu mais sans turbulences. Cela confirmait les infos du sol.

Après quelques manœuvres je me trouve un peu en arrière de l'attéro qui est un grand pré caillouteux complétement dégagé, je pense être en position pour poser sur l'avant de ce pré. Arrivé à 300m sol le vent se renforce considérablement au point de ne plus avancer, il me reste pas mal d'altitude et je choisi d'accélérer plutôt que de changer d'attéro car les champs proches sont moins dégagés, il y a des arbres ou des reliefs qui pourraient générer des turbulences. L'accélérateur me permet d'avancer suffisamment pour arriver lentement au-dessus de la partie arrière du terrain. En approche finale je relâche l'accélérateur, un petit gradient me permet d'avancer encore un peu, le vent reste fort (>25km/h) mais laminaire et je me prépare à un affalage tonique.
Malheureusement dans les tous derniers mètres je suis brusquement déporté par une rafale sur la gauche et en corrigeant la trajectoire je reviens trop vite sur la droite, je touche le sol dans ce mouvement latéral en chutant lourdement sur le flanc droit. Le sol est très sec et il y a des blocs rocheux, l'aile me traîne sur 20m et je suis suis sonné. Je n'ai pas le temps de bloquer la voile qui se regonfle et me traîne à nouveau sur 10 ou 20 mètres puis j'arrive à l’arrêter avec le bras gauche, le droit n'est plus valide.
La suite est simple et rapide, les copains sont là, parmi eux il y a 2 médecins, ils font en sorte de me protéger le dos et appellent les secours. Les pompiers arriveront vite puis le SAMU. Ensuite c'est l'hélico et l'hôpital de Perpignan. La morphine fait effet, le diagnostic des côtes cassées et du pneumothorax est rapide, je suis opéré pour la pose du drain dans la foulée. 2 jours après des douleurs au bras révèlent la fracture de l'omoplate presque invisible à la radio. 5 jours plus tard je rentre chez moi avec un bras en écharpe et des kilos d'antalgiques pour plusieurs semaines de convalescence.



Analyse& synthèsedu déclarant :

Quelles conclusions en tirer ?
Évidemment le facteur majeur est le renforcement du vent durant les 10-15mn d'approche et la rafale à un moment délicat, mais il est clair que je n'ai pas parfaitement contrôlé l'aile dans la turbulence finale. D'après les observateurs je me suis écarté de l'axe du vent d'une dizaine de degrés, ce n'est pas beaucoup mais avec 25-30km/h cela a induit un roulis qui s'est amplifié avec le déséquilibre quand j'ai touché le sol et il n'est pas impossible que j'ai eu un réflexe de terrien et abaissé la main droite pour me protéger de la chute.
La même chose sur l'herbe grasse de Loudenvielle aurait fait ricaner les spectateurs et m'aurait seulement valu une grosse glissade mais le sol de Cerdagne est beaucoup plus rude.

Il me semble que les causes principales de ce mauvais contrôle sont :
- la surprise : j'allais mettre le pied au sol alors que toute ma descente avait été contrée par un vent quasi laminaire, et aucun obstacle n'était visible devant moi. Étant surpris j'ai mal dosé ma correction de trajectoire.
- un manque de concentration : la rafale m'a cueilli quand je pensais surtout à la meilleure façon d'affaler, j'étais déjà dans l'étape suivante.
- l'absence de repère visuel : il n'y a pas de manche à air car c'est un attéro connu mais pas officiel, et le pré est tellement dégagé et arrondi que je n'avais plus de repère pour visualiser l'orientation du vent
- peut-être que la fatigue d'une semaine de gros vols a joué également, et ce jour-là j'étais dans un mode contemplatif : les copains volèrent plus haut et plus loin.
- un mauvais placement : je n'ai pas atterri à l'endroit où je prévoyais de le faire. Durant la perte d'altitude je me suis laissé déporter un peu trop en arrière du terrain et je n'ai pas pu réaliser la PTU que je pratique habituellement en terrain inconnu. C'est aussi une erreur que j'associe au manque de concentration du jour.

Quelles pistes pour éviter que cela se reproduise ?
Question concentration : à l'avenir je ne risque plus de ne pas être assez concentré lors d'un atterrissage. C'est un peu comme l'anniversaire de son conjoint : un truc que l'on n'oublie qu'une seule fois dans sa vie !
Améliorer le posé : encore et toujours le gonflage ou les sessions "voler mieux"
Maitrise du vent fort : les tutos de Raul Rodriguez, de Wingmaster. Un stage à la dune, c'est du laminaire donc pas similaire au problème que j'ai rencontré mais s'en doute efficace contre le réflexe de terrien.
Tester différentes techniques d'affalage pour éviter de se poser des questions au mauvais moment.
Pour l'automatisme de la gestuelle en turbulence près du sol je ne crois pas avoir trouvé mieux que le site de gonflage de Courcouronnes en région parisienne, ses 2 buttes artificielles supportent plusieurs orientations mais aucune n'est libre d'obstacle, il y a donc toujours une turbulence plus ou moins prononcée. C'est moins confortable qu'un site dégagé mais tellement plus formateur.