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Ce pilote est allé au sol quand il a arrété les 8 pour commencer à enrouler.


Date et Heure (locale) De L’événement :

Lundi 27 juin 2022, 16h50

Dommages corporels (oui/non, lesquels. Interruption temporaire de travail) ? :
Oui, entorse pied droit.

Dommages matériels (oui/non, lesquels) ?:
À première vue non mais la voile ira quand même faire un contrôle complet.

Le pilote a du faire une déclaration auprès de la FFVL ? (oui/non):
Non

Contexte et Environnement

Niveau du pilote Heures de vol par an en moyenne ? années de pratique ? quel brevet ? :
BI, 4 ans de pratique, ~280 vols, 20-30h de vol / an, 2ème SIV réalisé en avril 2022

Volume de pratique dans les 30 jours précédents l’incident ? (heures de vol et de gonflage) ;  avec le même matériel ? :
Derniers vols les 27-28-29 mai, ~4h de vol

Type de vol(ex : Solo, Bi, etc.) :
Solo

Phase du vol(ex : Prévol, Décollage, vol, Approche, Atterrissage, etc.) :
Vol (45 secondes après le décollage)

Lieu (ex : sur site (lequel), en cross, plaine, montagne, etc.) :
Vol sur site : Signes - Agnis

Type de déclarant(ex : Pilote, témoin au sol, etc.) :
Pilote

Type de matériel (ex : voile A révisée ou non, année, sellette cocon, etc) :
voile B, année 2020, révisée mars 2021, sellette string avec airbag

Nombre et type de personnes concernées (ex : 1 pilote + passager, 2 pilotes, etc.) :
1 pilote

Environnement (ex : obstacles,densité de voiles, nature du sol, etc.) :

Une voile en l’air depuis ~1h, une voile qui venait de décoller et poser, un pilote en préparation au déco.

Météo & aérologie (ex : vent fort, conditions thermiques, orientation du vent, etc.) :
Conditions thermo-dynamiques, brise avec des cycles forts au décollage, brise forte à l’atterrissage d’après les communications radio (voiles posant à la verticale ou avec peu de vitesse-sol), globalement en train de faiblir.

Description de l’évènement

Description chronologique des faits :

Avec mon ami pilote qui vole habituellement ici, nous nous rendons à l’atterrissage pour qu’il me présente le site de vol. La brise est assez forte, nous voyons des biplaces en l’air. Nous nous rendons ensuite aux locaux de son club discuter des conditions et voir si d’autres pilotes veulent monter avec la navette du club.

Nous arrivons au décollage aux alentours de 15h30 avec la navette, nous sommes cinq pilotes. Deux pilotes (plus expérimentés) se préparent rapidement. Le soleil est masqué, des petits cycles alternent entre les deux décollages (sud-ouest et sud-est), mais parfois il y a du nord (brise, vent ?) qui ‘déborde’. Les deux premiers pilotes finissent par décoller en sud-est dans un cycle. Avec les deux autres pilotes (débutants), nous savons que la brise est forte à l’atterrissage et décidons d’attendre pour voir l’évolution des conditions. Le soleil se découvre, la brise s’oriente franchement, bien axée sur le décollage sud-ouest, avec des cycles parfois forts (rafales pas loin de 30km/h). Nous nous préparons et attendons que la brise diminue un peu.

Mon ami décolle en premier et communique par radio que la brise reste forte en l’air. Il va se poser et confirme que la brise est toujours forte à l’atterrissage. Je continue donc de patienter au décollage. À un moment, je demande par radio si la brise à l’atterrissage est toujours aussi forte. Elle semble se calmer un peu, et je décide de décoller.

Juste après le décollage, je constate que ça monte devant le déco, légèrement sur la gauche. Je commence par faire des S pour profiter de l’ascendance, et à un moment je décide de faire un tour complet par ma droite, ce qui est une mauvaise décision au vue de la brise et de la proximité du relief. Je vois que j’ai peu de marge pour boucler mon virage donc je l’appuie fortement pour pouvoir le terminer et me remettre face à la vallée.

Au moment où je me retrouve face à la vallée (difficile de me souvenir si je suis encore dans le virage ou si je l’ai terminé), je perds le contrôle de la voile à 30m / sol mais je ne peux pas être formel sur l’incident de vol initial. Comme je constate que je ne sors pas de l’incident, même si je suis trop bas, je tire le secours, puis je tape dans la pente dans une zone rocheuse, à priori sur les deux jambes qui absorbent la majorité de l’impact.

Je reste assis le temps de récupérer du choc, constater que je n’ai pas de blessure sérieuse, et je préviens par radio mon ami qui se trouve à l’atterrissage pour lui dire que je n’ai pas l’impression d’être blessé et qu’il n’y a pas besoin de déclencher les secours. Lui et moi émettons également l’information sur la fréquence sécurité FFLV.

Ma voile est dans un arbuste, le secours pas encore ouvert dans un autre. 3 pilotes arrivent rapidement pour m’aider à récupérer le matériel. Une douleur à la cheville droite arrive petit à petit. Après les premiers soins, je redescends avec la navette du club.

Analyse & synthèse du déclarant :

Sur les circonstances précédent le vol et la décision d’aller voler :

La veille, j’avais participé à un triathlon, j’étais dans un état général de fatigue. La décision d’aller voler au vu de mon état de forme était mauvaise. D’habitude je me refuse à voler si je suis fatigué. Si j’avais été chez moi à ce moment avec la possibilité d’aller voler avec mon club, je n’y serais probablement pas allé. Ici, j’étais pour 2-3 jours chez un ami pilote avec qui j’avais eu du mal à trouver l’occasion d’aller voler, ce qui m’a probablement poussé à voler « coûte que coûte ». Il m’a bien demandé plusieurs fois si je me sentais suffisamment en forme, et j’ai toujours répondu par l’affirmative. Je me suis mis la pression tout seul.

 

Sur le vol et l’incident/accident :

D’après les données de l’instrument:

Sur les premières secondes du vol, les conditions ne me semblaient pas malsaines. J’ai commis une erreur en voulant enrouler en étant encore trop près du relief, ce qui m’a mis dans une situation inconfortable, forcé à appuyer fort mon virage et rapproché du relief, verticalement et horizontalement. J’aurais du continuer à faire des S en m’éloignant encore de la pente, je pense que j’aurais gardé un meilleur contrôle sur la voile et pu prévenir l’incident de vol, ou avoir plus d’altitude pour en sortir, ou tirer le secours avec une chance qu’il s’ouvre.

Au moment de l’incident, j’étais en train de revenir face à la vallée. Je ne sais plus si j’étais encore dans le virage, en train d’en sortir, ou si je m’étais déjà remis à plat. L’incident initial est difficile à déterminer. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un départ en vrille car il ne me semble pas qu’il y ait initialement eu de rotation. Je pense plutôt à une fermeture frontale suivie d’un surpilotage qui a empêché la voile de revoler. Entre le début de l’incident et l’impact au sol, je suis resté globalement face à la vallée, le changement de cap est resté minime (30-45° maximum vers ma droite au cours de la chute). Un pilote à l’atterro aurait vu une fermeture frontale, et le pilote au déco n’a pas vu le début de l’incident.

Avis (résumé) de l’AS du club local: fermeture frontale ou demie-aile, parachutale stable jusqu’au sol d’où le taux de chute faible.

Sur la décision de tirer le secours, je savais que j’étais trop bas, mais « foutu pour foutu », autant le tirer en espérant qu’il s’ouvre partiellement ou s’accroche quelque part. Un point positif : entre la décision de le tirer et la réalisation du geste, je pense que j’ai été efficace (faire des essais sous tyrolienne et en SIV, ça aide vraiment).

 

Conclusion :

Sur cet accident, j’ai énormément de chance m’en tirer avec une entorse au pied, les conséquences auraient pu être bien plus grave.

Avant de décider d’aller voler, il faut s’efforcer d’être lucide sur son état de forme. Et-ce que j’aurais commis les mêmes erreurs en étant en forme ? C’est difficile à dire, mais dans le doute, fatigue = il faut renoncer à voler.

Un grand merci au club des Ailes de Signes pour leur aide et leur sympathie suite à l’accident.