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Jeudi 07/06/07 20h à la MJC, Pascal nous fait un magistral cours sur le vol de distance.

Vendredi 08/06/07 11h, tentative pas vraiment concluante à ARBAS : posé à la vierge de SENGOUAGNET (chapeau à Kévin pour ces 72km et ses commentaires en direct par téléphone).

Vendredi 08/06/07 22h: Après analyse météo, j'opte pour Millau. La journée de samedi devrait être bonne, dimanche volable.

Météogramme Millau du 08/06/07 06h00 au 14/06/07 0h00 (heure solaire)

Météogramme Millau du 08/06/07 06h00 au 14/06/07 0h00 (heure solaire)

 

Millau du 09/06/07 12h00 (heure solaire)

Millau du 10/06/07 12h00 (heure solaire)

Millau du 09/06/07 12h00 (heure solaire) Millau du 10/06/07 12h00 (heure solaire)

Samedi 09/06/07 11h

Je me retrouve à l'aterro de Millau plage. Quelqu'un m'interpelle : "Ola TDS, vous délaissez les Pyrénées pour envahir l'Aveyron." Ma pomme répond : "heu non, il y a juste Arielle et moi." Mais à qui ai-je répondu ? À OK, c'est Franck des TECAiles. Ils sont 4, nous sommes 2, l'union fait la force et facilite les rotations. Je n'ai plus volé ici depuis 6 ans et les temps héroïque de l'Apollo rose. Je n'y ai fait qu'un petit cross par vent de Nord-Ouest en cheminant sur le bord du plateau du Causse noir vers Aguessac et Rivière- sur-Tarn.

11h30, plouf de la Poncho d'Agast Sud-Ouest (altitude 850m - dénivelé 550m)

3h, replouf de la Poncho d'Agast Sud-Est pour Arielle. Je fais la rot.

Il est temps de faire une analyse météo. Que dit la balise : un coup Sud-Est, un coup Sud-Ouest, un coup Ouest. Bref, peu de vent, moyennement Sud-Ouest.

14h, pique-nique sous les arbres et dernière vérification du matériel de survie (CB et GSM).

14h30, ça commence à tenir, les cycles sont plus longs, plus puissants. Entre deux cycle, tu peux zéroter sur les falaises.

14h45, Feu. Arielle se met en l'air, je la suis 5mn après. Parti du déco ouest, je me jette dans la face sud-est. Bonne idée. Il y a un bi qui commence à sortir. Je prends soin de ne pas le gêner, mais il pilote comme un solo. Et nous finissons par enrouler de concert pendant 1000m.

1900m, je me suis laissé dérivé sur la forêt, mais j'ai suffisamment de gain pour trouver une vache sûre (cela restera ma priorité pour le reste du vol : m'assurer un atterrissage en sécurité, quitte à marcher pour rejoindre une route). Devant moi Rivière-sur-Tarn et Rozier au confluent Jonte/Tarn, à droite les gorges de la Dourbie à gauche le Tarn, en dessous le Causse (Noir) et ses forêts.

Rivière-sur-Tarn
Rivière-sur-Tarn

Rozier (confluent Jonte/Tarn)
Rozier (confluent Jonte/Tarn)

Le Causse Noir et ses forêts
Le Causse Noir et ses forêts, bordé à gauche (sur la photo) par les
gorges de la Dourbie, à droite le par Tarn. Au fond Millau et la Poucho d’Agast.

Les gorges de la Jonte et le massif de l’Aigoual au fond (sous le choux fleur). GO !
Les gorges de la Jonte et le massif de l’Aigoual au fond (sous le choux fleur).
GO !

C'est maintenant qu'il faut prendre la décision : partir à l'aventure ou rester en local.

À l’aventure, c'est le cas de le dire. Je n'ai rien préparé, je n'ai pas de carte routière, je suis seul en vol (le bi s'est laissé doucement glisser vers l'aterro. Business is business). Je connais un peu la région, mais sans carte et sans route GPS, c'est de l'improvisation.

L'occasion est trop belle pour ne pas la saisir, le choix est vite fait. GO !

Millau c'est de la plaine, même si on décolle à près de 900m. Donc comme en plaine, il est préférable de voler au plafond. Il ne faut pas compter sur les brises pour faire du soaring et traverser les Causses. Le premier thermique lâché, il faut trouver le suivant.

Le ciel est bleu au-dessus, mais plus loin, de beaux cumulus se forment. La balise annonce 10km/h de SW, ils y sont (Bras haut je transiterai de thermique en thermique à 45-50km/h)

Pour l'instant tout est bleu devant. J'y vais au hasard, on verra bien si j'ai de la chance. Là, un vautour qui enroule. Voyons voir s'il monte. Yes, en 2 tours, il a dû prendre 100 m. Merci pour l'indication. Voilà le thermique qui lance la machine. J'y rentre vers 1600 m et j'enroule dans du +3 jusqu’à 2200 m. Les thermiques suivants seront plus simples à trouver, en effet le ciel se constelle de cumulus. Le plafond montera jusqu’à 2550m dans du +6 large et peu turbulent.
En pleine confiance, je vais prendre des photos, parler avec Arielle à la radio et changer de fréquence car je reçois 15 balises météo (la prochaine fois, je téléphone à Kévin). Surtout, je vais choisir de rester en bordure de Causse (Noir) après Rozier et suivre les gorges de la Jonte, au lieu de traverser le Causse (Méjean).

Pourquoi ? Pour éviter de poser dans un désert. Je n'ai pas de carte et si je dois guider une récup suivre les gorges de la Jonte est le plus facile. Cela me dirigera vers l'Est, et non plus vers le cap optimal Nord-Est de départ. Je finirai même avec un cap Sud-Est dans le massif de l'Aigoual.

Jusqu’à présent, 3 voiles parties 15mn avant moi (donc 5km environ) me donnaient la sensation de voler en groupe. Maintenant je suis seul en l'air (ils ont gardé le cap Nord-Est et ont tenté la traversée du Causse Méjean). Je les retrouverai dans 2 heures. Ils me prendront en stop sur la route du retour.

Je traverse les gorges à donf (2500m - 55km/h), et poursuit rive droite. J'utilise l'accélérateur chaque fois qu'une dégeulante est trop pénalisante, ou pour dégrader mon taux de chute et m'échapper vers l'avant sous les cumulus trop actifs (Attention ! Accélérer dans une aérologie turbulente n’est pas sans risque. Mieux vaut le faire loin du sol). Ce n'est pas une course de vitesse, mais je profite des conditions pour avancer. Dargilan s'annonce en grande lettre de verdures. Je connais cette grotte de réputation mais je commence à avoir des doutes sur mes connaissance géographiques. Voilà Meyrueis et les premières "montagnes" (très boisées).

Dargilan

Dargilan

 

Meyrueis et le massif de l’Aigoual

Meyrueis et le massif de l’Aigoual

     

Col de Perjuret

Col de Perjuret

 

Cabrillac (terme de ce vol) et le sommet de l’Aigoual

Cabrillac (terme de ce vol) et le sommet de l’Aigoual

Je poursuis en bordure de Causse (Méjan), mais les thermiques faciles ont disparu. Ca sent le plané final et je m'engage dans une vallée assez large (toujours la Jonte mais je le découvrirai plus tard. je suis dans l'inconnu) avec des champs accueillants (toujours la recherche du posé en sécurité). Je longe les faces sud du bord de Causse (Méjan) et enroule tout ce qui peu prolonger ce vol. Mon acharnement est récompensé et je remonte au-dessus du plateau pour atteindre le col (de Perjuret) qui ferme cette vallée.

J'hésite à basculer dans la vallée suivante, je crains une belle galère pour la récup. J'envisage de terminer sur les pelouses du col, mais le beau congestus au-dessus m'aide à poursuivre. Avec ce gain je peux m'engager sur la ligne de crête (avec vastes prairies) qui monte vers de sommet hérissé de 2 immenses antennes de téléphonie (de 100m de hauteurs ?). Je crois me diriger vers le Mont Lozère mais c'est de l'Aigoual qu'il s'agira.

50m sol, à l'ombre de ce nuage tout à l'heure salvateur, je prépare mon retour sur terre, face au vent, posé comme une fleur.
Heureux. Il me faut un bon 1/4 d'heure pour me décider à plier. Et pour commencer le chemin inverse par la route.
Je suis à l'entrée du village de Cabrillac (1200m) à l'intersection de la D18 et de la D119, sur la route des crêtes à 5km de vol du sommet de l'Aigoual.

Il est 17h30. Je vole depuis 2h30, je viens de faire 43km et une superbe balade.

Je laisse un message sur le mobile d'Arielle (le GSM est formidable) et tends le pouce en direction de Millau.

19h30 De retour à Millau et c'est reparti pour un vol du soir à Puech d'Andan. Mais les conditions de restitution ne tiendrons pas longtemps. Parti le dernier, j’ai à peine le temps de faire un virage au ras des arbres avant l’approche : aussi court qu’un run de speed-riding, la vitesse sur trajectoire en moins.

Dimanche 10/06/07

9h La balise météo de la Pouncho d’Agast annonce 20-25 Est. Aïe.

A Millau, on vole quel que soit le vent, sauf en Est. C’est hyper turbulent et les rentrées d’Est peuvent être aussi soudaines et turbulentes que les rentées de sud à Val Louron.

En radio, les moniteurs hésitent. Finalement, les biplaces iront à la Pouncho d’Agast et les élèves et nous à Puech d’Andan. Le temps de faire un plouf puis le vent forcit.

Direction Novis, mais les conditions n’y sont pas encore installées. Nous n’aurons pas la patience d’attendre
En conclusion, deux points me paraissent essentiels pour réussir un cross :

Une préparation du parcours (mémoriser les passages clé, prévoir une route optimale et la rentrer dans sont GPS, l’improvisation de ce vol n’étant pas un exemple à suivre)

Une analyse météo préalable (les modèles météo semblent donner des tendances fiables, du moins exploitables.)